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vendredi 29 décembre 2017

Garder le meilleur pour la fin (de l'année): Egoïne, la salle de dissection et Fournier

En bref pour ne pas les perdre, dix romans qui ont aussi fait 2017.


Jean-Louis Fournier. (c) Ulf Andersen.

Ce pourrait être la dernière blague de l'année: Fournier est mort.
Mais c'est heureusement une
BLAGUE
BLAGUE
BLAGUE
Jean-Louis Fournier n'est pas mort. La preuve? L'écrivain publie l'hilarant roman "Mon autopsie" (Stock, 194 pages) où il raconte sa dissection par le menu.

Autodérision un jour, autodérision toujours. De l'humour à fond et aussi une bonne dose de tendresse, presque de reconnaissance envers l'existence. Après avoir donné plusieurs récits personnels, excellents, où il évoquait ses fils handicapés, sa femme, sa mère, il ne restait à Jean-Louis Fournier que de devenir son propre matériau d'écriture. Il le fait à sa manière, avec sa désinvolture, en racontant sa mort et surtout sa dissection, morceau par morceau. Le texte est impeccable, découpé en courts chapitres qui sont autant d'éléments de son autobiographie. "J'ai plein d'amis en ce moment qui écrivent leurs mémoires ou des livres de souvenirs", me confie-t-il. "Comme je ne veux pas faire comme tout le monde, que j'ai toujours été le mauvais élève de la classe, je me suis dit que j'allais raconter mon autopsie."

La manière de son autobiographie n'est pas sérieuse, bien entendu. Fournier ne se refera pas et c'est comme ça qu'on l'aime. "C'est une entreprise périlleuse et inhabituelle qu'une autopsie et une histoire d'amour entre un vieux mort et une jeune docteur. Un mort n'a pas d'arme pour séduire. Il ne peut ni toucher ni faire rire. Ma seule chance était qu'elle lise mes livres et qu'ils lui plaisent."

"Mon autopsie" raconte, scalpel battant, les faits saillants de l'existence de l'auteur en regard des organes examinés, mais finalement rien de sa relation avec la doctoresse Egoïne. "Mort, on ne peut rien cacher à personne. C'est pire qu'un strip-tease. J'ai utilisé au sens premier, au pied de la lettre, des expressions françaises comme savoir ce qu'il a dans le ventre, ce qu'il a dans le cœur, ce qu'il a dans la tête. Dans le livre, il y a de l'émotion et des pirouettes pour faire rigoler. L'humour est la seule arme que nous ayons pour supporter la vie. Comment les gens sans humour survivent-ils?"

Un sujet inconvenant? Pas du tout si on accepte le parti-pris de l'humour. "Je me suis beaucoup amusé à écrire ce livre", confirme Jean-Louis Fournier. "J'imaginais que j'étais mort, ce qui n'était pas si désagréable. Et je l'ai vraiment terminé la veille du jour de Pâques, jour de ma résurrection. J'avais une autre fin, que j'ai aujourd'hui oubliée, mais qu'un club de lecture à qui je l'avais soumise n'a pas retenue."

Un roman qui célèbre une femme aussi. "J'ai toujours été fou des femmes. Depuis que j'ai dix ans. Le vieillard que je suis ne peut plus approcher les petites jeunes filles. Alors je vais dans les musées. Je passe pour un amateur d'art plutôt que pour un vieux dégoûtant."

Super Fournier, ne change rien.

Pour lire les dernières pages de "Mon autopsie", c'est ici.

Et aussi
1. "Tout un monde lointain", Célia Houdart, P.O.L.
2. "Madone", Bertrand Visage, Seuil
3. "Point Cardinal", Léonor de Récondo, Sabine Wespieser Editeur


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