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dimanche 7 octobre 2012

LE tombée à la renverse

Pourquoi? Comment? Pas à cause d'une illumination ou de la rencontre d'un saint.
Plus simplement, en lisant le nouveau livre de Daniel Pennac, destiné aux 8-10 ans, "Le roman d'Ernest et Célestine" (Gallimard Jeunesse/Casterman).
Elle est tombée à la renverse. D'incompréhension, de déception et de colère même.



Incrédule, elle a lu les 200 pages du roman qui l'avait attirée par le titre, par les qualités de l'auteur et par l'arrière de la bande qui entoure le livre: une des exquises images de Gabrielle Vincent, la créatrice de ces formidables personnages.


Que sont devenus Ernest et Célestine sous la plume de cet écrivain qu'on a connu remarquable dans ses précédents ouvrages à destination de la jeunesse (les "Kamo" notamment)? Un ours et une souris!
Mais ils sont un ours et une souris, me direz-vous.
Oui, ils sont dessinés en ours et en souris mais Ernest et Célestine sont avant tout humains, éprouvant émotions et sentiments comme vous et moi.
On les a aimés dans les vingt-cinq albums que l'auteure-illustratrice belge décédée en 2000 leur a consacrés. On s'est glissé dans ses images. On a cru lire nos mots dans les conversations entre le gros ours et la petite souris. On a ri avec eux, souri, frémi et même pleuré. Tout était juste dans ses livres.
Ernest et Célestine sont très vite devenus des classiques de la littérature de jeunesse de qualité.

Publiés au début chez Duculot, ils sont passés sous la bannière Casterman avec le rachat de la maison d'édition de Gembloux. Et l'éditeur prend soin de republier régulièrement tous les titres de notre grande dame.

Mais Casterman s'est aussi arrangé pour faire un dessin animé d'Ernest et Célestine, projet que Gabrielle Vincent avait toujours refusé de son vivant (plusieurs personnes s'en rappellent encore aujourd’hui). Il sera sur les écrans des salles de cinéma en fin d'année. On jugera alors.
Pour le moment, on n'a encore que le livre de Daniel Pennac, scénariste du film.

Pauvres enfants qui découvriront les personnages à travers  "Le roman d’Ernest et Célestine"!
Et surtout  pauvre Gabrielle Vincent ! On n’y retrouve rien de l’univers qu’elle avait créé.
Ernest y est un vrai ours, avec des soucis d’ours. Célestine une vraie souris avec des préoccupations de souris. Rien à voir avec ce que faisaient ressentir les albums initiaux. Tous deux sont devenus de vrais animaux alors qu'ils étaient des projections d'humains.
Le texte est lourd, répétitif, faussement complice avec le lecteur, pratiquant un humour pesant. Très dialogué, il fait intervenir les deux héros mais aussi "L'auteur" et "Le lecteur". Les trente-et-un chapitres sont titrés, et sous-titrés de façon pseudo-amusante.

Le scénario parle d’opposition entre mondes d’en haut et d’en bas, de dentiste, de police, de prison. Que de déceptions. On ne parle même pas des erreurs factuelles car "La naissance de Célestine" n'est évidemment pas le premier album de la collection.

Rien n'est à garder dans ce roman sauf  le dernier chapitre où Daniel Pennac partage joliment l'amitié épistolaire qu'il avait tissée avec Gabrielle Vincent !

Mais on comprend d'autant moins qu'il ait fait de ses personnages ce qu'il en a fait.

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