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lundi 12 mai 2014

LE réjouie du succès d'Akim

Claude K. Dubois vient de recevoir le 7 mai dernier l'estimé Katholische Kinderbuchpreis à Bonn pour son superbe album "Akim court" (L'école des loisirs, Pastel, 2012), devenu tout simplement dans sa traduction allemande "Akim rennt" (Moritz Verlag, imprint allemand de l'école des loisirs).

La cérémonie de remise a eu lieu au Musée d’Histoire Naturelle et de Recherche Alexander König de Bonn, ce qui donne lieu à cette amusante photo de la lauréate.

Claude K. Dubois a reçu son prix au musée d'histoire naturelle de Bonn.

Bonheur surtout de voir que cet excellent livre dont j'ai dit tout le bien que je pensais ici continue à émouvoir les enfants partout dans le monde. Lors de ses remerciements aux jurés, Claude K. Dubois est revenue sur la genèse de cet album. Voici des extraits de son texte.

"C'est avec beaucoup d'émotion que je reçois ce soir ce prix qui récompense mon livre "Akim court" et un immense plaisir de côtoyer aujourd'hui ceux qui ont été à la base de ce choix. Au delà du choix particulier de cette année 2014, je voudrais vous témoigner mon admiration pour votre confiance constante depuis ces 25 ans en la puissance de la parole transmise par les livres, pour votre confiance dans ce moyen de communication, pour la volonté de transmettre des valeurs humaines qui aident les enfants à grandir.
(...) J'aimerais vous parler quelque peu de la genèse de ce livre. La source de ce livre remonte quand ma propre mère, à l'âge de 5 ans, fut séparée brutalement de ses parents par la guerre. Toute sa vie, elle a porté en elle cette fracture, et à sa mort, en 2011, j'ai ressenti en moi la nécessité, l'obligation intérieure d'utiliser mon moyen d'expression, le dessin, le livre, pour transformer cette souffrance en un message d'amour. Au-delà de cette histoire qui a traversé la vie de ma mère et donc la mienne, se sont ajoutées d'autres tragédies familiales, à travers le génocide rwandais, mais aussi toutes celles vécues à travers le monde. Il ne nous est plus possible, en effet, d'ouvrir un journal, d'allumer la télévision sans voir les horreurs des guerres, de la Yougoslavie à l'Afrique, de l'Afrique à l'Amérique du sud, de l'Amérique du sud à l'Asie, de la Libye à la Syrie sans compter les catastrophes naturelles comme celle du Japon.
On voit en permanence les enfants jetés sur les routes, les enfants subissant les affres de la guerre. Ils sont seuls, abandonnés, terrifiés. Ils ne peuvent comprendre ce qui leur arrive. Leurs regards sont des appels à l'aide. Ces regards, qu'ils soient de ma mère ou de ces enfants inconnus, nous interpellent. Nous nous sentons impuissants mais nous ne sommes réellement impuissants que si nous nous taisons. Je n'ai pas voulu me taire encore. J'ai donc écrit cette histoire pour leur venir en aide. Je voulais leur donner la parole, eux qui n'ont aucun moyen de s'exprimer, de crier leur désespoir à la face du monde.
L'histoire d'Akim est malheureusement éternelle, de hier à aujourd'hui et hélas à demain. L'histoire du monde est émaillée de ces drames. Cette histoire, si elle était singulière au départ, je l'ai voulue universelle. Les mots sont volontairement simples. J'ai préféré laisser l'émotion au dessin, aux attitudes des corps et aux expressions des visages qui sont les mêmes pour tous les peuples, à toutes les époques. J'ai voulu montrer l'humain dans sa vérité, dans sa fragilité. J'ai essayé de transmettre dans ce malheur, l'amour, la compassion et c'est pour cela qu'aujourd'hui je suis particulièrement heureuse que ce livre qui était en moi, qui était la réponse à un regard désespéré, puisse être une main tendue, cette fois remplie d'espérance. Cette main tendue, c'est ce prix que vous avez donné aujourd'hui à "Akim court". C'est une écoute que vous donnez à tous les enfants qui souffrent.
Ce livre est un livre d'espoir car je crois au pouvoir résistant de l'empathie et de l'amour envers les autres humains.
Je vous remercie."

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