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mercredi 12 février 2014

LAD couvert la théorie du genre chez les ours


On n'en sourit plus tant la charge contre une littérature de jeunesse libre devient inquiétante en France avec les histoires de "théorie du genre" incriminant le roman à quatre mains de Thomas Gornet et Anne Percin, "Le jour du slip/Je porte la culotte" (Rouergue) l'autre semaine et la sortie récente de Jean-François Copé (président de l'UMP) contre l'album "Tous à poil" de Marc Daniau et Claire Franek (Rouergue).

Des tentatives de censure qui rappellent les épisodes précédents avec, dans les rôles principaux, Marie-Claude Monchaux et son ouvrage "Écrits pour nuire" incriminant notamment le roman de l'Américain Robert Cormier "La guerre des chocolats" (L'école des loisirs, 1984, aujourd'hui sélectionné par le Ministère français de l'éducation nationale), Louis Pauwels qui la présentait dans "Le Figaro" du 24 mai 1985, le FN contre la bibliothèque d'Orange à la même époque. Plus proche de nous, c'est le "Jean a deux mamans" d’Ophélie Texier (L'école des loisirs, 2004) qui a fait l'objet des foudres bienpensantes, menées par la pédiatre Edwige Antier. Et on en passe.

Pour refaire l'historique des deux affaires en cours.

Il y a la note sur le blog d'Anne Percin où elle explique ce qui s'est passé, y compris les menaces contre un libraire et la manipulation des commentaires par les internautes.
La réponse de Sylvie Gracia, l'éditrice des deux ouvrages incriminés.
La réponse de Sylvie Vassallo, directrice du SLPJ (Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis).
L'article de "Libé" paru hier.

Pour avancer, la réflexion de Claude Ponti.

Tous à poil

Chaque fois qu'une personne parle de ce qu'elle ne connaît pas,
elle se ridiculise. Chaque fois qu'une personne politique parle
de ce qu'elle ne connaît pas, elle se ridiculise, et elle fait du mal,
bêtement, à la politique et sciemment à ce qu'elle vise.

Dire qu'un livre pour enfant est nul parce qu'il n'y a pas
beaucoup de texte c'est dire que la Joconde est sans intérêt
puisqu'elle est sans texte, et que "Mein Kampf" (Mon combat),
le livre de Hitler, est génial, puisqu'il est plein de mots
et sans dessin. C'est être bête et se ridiculiser.

Critiquer un livre pour enfant sans le comprendre est bête.
Oublier qu'un livre pour enfant est toujours acheté par un(e) adulte,
en général de la famille directe de l'enfant, ou présenté
par une personne libraire, enseignante ou bibliothécaire
est bête, ces personnes adultes savent lire et comprendre.
C'est donc insultant et méprisant de la part d'une personne politique
qui pense parler à "ses" électrices et électeurs qu'il juge incapables.

Est-ce utile de parler de la qualité intellectuelle
de la personne politique qui tiendrait de tels propos,
de son intégrité morale, de sa loyauté, de son honnêteté? Non.
De parler de la franchise, de la loyauté, de l'honnêteté
envers les enfants dans la littérature qu'on leur propose?
Oui. Ils y ont droit. Comme vous et moi, quelque soit leur âge.

Les enfants méritent le meilleur de nous.
Pas l'à-peu-près, pas la manipulation ou l'utilisation,
jamais l'ignorance, l'hypocrisie ou l'incompétence.






Pour ne rien lâcher et avancer, voici un très plaisant album tout en hauteur venu du Japon, au titre évocateur: "Ours blanc a perdu sa culotte" (Tupera Tupera,  traduit du japonais par Makiko Saito, Albin Michel Jeunesse, 32 pages). Verra-t-on le héros à poil?

Tupera Tupera.
Derrière le nom de Tupera Tupera, deux créateurs, Tatsuya Kameyama et Atsuko Nakagawa. Depuis 2002, ils imaginent des albums illustrés (un prochain est prévu en avril aux Editions des Grandes Personnes) et créent des objets et des décors de scène.




Donc, soyons bien claire, il n'est pas question ici de slip OU de culotte. Seulement d'une culotte, perdue. Une culotte pour UN ours. Ben oui, car la littérature de jeunesse est libre et c'est ce qui fait son charme et son intérêt.

Ours Blanc est déconfit, mais Souris va l'aider. (c) Albin Michel Jeun.

Tout l'album est composé de collages sobres et expressifs, posés sur des pages ocres à découpes qui laissent entrevoir une ébauche de solution à la question. Celle-ci étant bien entendu: où est donc passée cette diable de culotte que le héros a perdue? Complication supplémentaire: Ours blanc ne se rappelle même plus à quoi elle ressemble. Ce qui n'est pas pour décourager son ami, le minuscule Souris (culotte rouge), bien décidé de l'aider à tout prix.

Les compères se mettent en route. Tout de suite, une culotte à rayures apparaît. Non, Ours blanc ne la reconnaît pas. A qui est-elle alors?


On tourne la page et on découvre l'ensemble de l'image apparue dans la découpe précédente. Un animal à rayures? Mais oui, c'est bien lui.

La chasse à la culotte reprend: une culotte de gourmands, constellée de gâteaux?  Noooooooon, Ours Blanc préfère les manger plutôt que les porter sur ses fesses. Alors que le propriétaire de ladite culotte cumule sans peine les deux activités. On le voit en tournant la page.

L'album se poursuit ainsi par séries de deux doubles pages. Malin et ludique, il nous promène de surprise en surprise: une toute petite culotte, une autre où il est écrit "J'aime les souris", une à trous, même une à l'envers, ce qui me rappelle quelqu'un, jusqu'à la chute, drôlement bien trouvée. Ils sont souvent bien rigolos, les propriétaires des culottes baladeuses.

Le propriétaire de la petite culotte à fleurs.

"Ours blanc a perdu sa culotte" est un album qui pétille de bonne humeur et darde avec joie sa délicieuse fantaisie. Les images sont souvent composées de collages de tissus, ce qui confère un grain original aux pages. Sans oublier l'enfantin plaisir de pouvoir dire, ou entendre, culotte à chaque page... Vive Tupera Tupera!





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